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Les éleveurs, réunis au Sommet, suspendus à la crise sanitaire et politique

Sans vaches, pas de concours.

Éventuel nouveau gouvernement d'un côté, crise sanitaire de l'autre : le Sommet de l'élevage ouvre mardi à Cournon-d'Auvergne (Puy-de-Dôme) dans un contexte d'attentes pour les éleveurs, avec un nombre record d'exposants.

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Charolaises, Montbéliardes et autres Salers, habituelles vedettes de ce rendez-vous, seront les grandes absentes de cette 34e édition du Sommet de l'élevage. Et sans vaches, pas de concours, alors que le Sommet, habitué à recevoir la crème des cheptels français, devait accueillir cette année le concours national charolais.

En cause : la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) qui, après les Alpes, a frappé dans le Rhône, se rapprochant du Massif central et de ses élevages de montagne, où se tient chaque année la manifestation. Cela représente 1 300 bêtes en moins, selon le commissaire général Benoît Delaloy. Des éleveurs représentants des 24 races bovines seront toutefois présents, fait-il valoir.

« C'est malheureux pour les éleveurs qui ont renoncé à amener leurs bêtes. Il faut qu'on revoie notre organisation, mais les animaux, ce n'est que la cerise sur le gâteau, cela n'empêchera pas tout le reste », assure Benoît Delaloy.

D'autant que le sommet destiné aux professionnels accueille cette année un nombre record d'exposants, 1 770, de 34 pays différents, avec le Maroc à l'honneur. Et les visiteurs pourront se rabattre sur quelque 800 chevaux, moutons et chèvres.

Réponses rapides

Le dernier foyer de DNC a été découvert à l'ouest de Lyon le 18 septembre, portant à 79 le nombre de foyers détectés dans 47 élevages depuis l'apparition fin juin en France de cette maladie. La DNC conduit à des pertes de production laitière importantes et entraîne parfois la mort d'une partie du cheptel.

Suivant la stratégie adoptée par l'État, des campagnes de vaccination, l'abattage de toutes les bêtes des foyers contaminés et des restrictions de mouvements d'animaux ont été prescrites dans plusieurs départements, mais pas en Auvergne.

Malgré les indemnisations pour les cheptels perdus, l'abattage a causé une vive émotion chez les éleveurs. Les syndicats Coordination rurale et la Confédération paysanne ont déploré que d'autres méthodes n'aient pas été envisagées.

Les éleveurs attendent désormais des réponses rapides pour faciliter la descente des alpages – entre 2 800 et 4 000 bovins n'ont pu redescendre aux alentours du 20 septembre comme ils le font habituellement – mais aussi la reconstitution des troupeaux abattus.

La venue de la ministre de l'agriculture sortante Annie Génevard ou de son éventuel successeur, un temps prévue pour mardi mais sans doute repoussée en raison de la déclaration de politique générale, reste incertaine.

100 000 visiteurs

Souvent théâtre d'annonces permettant d'apaiser le monde agricole, le sommet tiendra-t-il ses promesses ? Dermatose, revenu des agriculteurs ou l'accord de libre-échange entre l'UE et des pays latino-américains du Mercosur : « c'est un rendez-vous pour poser toutes les questions et les enjeux, en amont des décisions », a affirmé lors d'une conférence de presse David Chauve, président de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes (fédération régionale des syndicats d'exploitants agricoles).

Mais « l'instabilité politique fait qu'on ne sait pas si les interlocuteurs qu'on a aujourd'hui seront encore là demain », regrette Patrick Bénézit, vice-président de la FNSEA. Malgré tout, les organisateurs espèrent franchir le cap des 100 000 visiteurs, contre 120 000 en 2024.

Lors de la dernière édition, les éleveurs avait fait face à une résurgence de MHE (maladie hémorragique épizootique) chez les bovins et de FCO (Fièvre catarrhale ovine) chez les ovins.

Le sommet avait été réduit à 1 600 bêtes, encadrées par un protocole sanitaire strict avec désinsectisation et prises de sang en amont. Le Premier ministre d'alors, Michel Barnier, s'était déplacé pour annoncer un geste financier de l'État. Déjà en 2015, le rendez-vous avait eu lieu sans bovins, en raison d'une épidémie de FCO.

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